04 Oct L’Amplification Arctique rend-elle vraiment les conditions météorologiques plus persistantes ?
En cette rentrée, Jacopo Riboldi, post-doctorant au LMD-ENS, met en évidence dans Geophysical Research Letters le rôle de la variabilité interannuelle et intra-saisonnière du jet stream dans l’apparition de conditions météorologiques extrêmes à travers les saisons, plutôt que des modifications de long terme liée à l’amplification arctique.
L’Arctique se réchauffe plus rapidement que les latitudes moyennes (phénomène dit de l’amplification arctique), et la différence de température entre ces régions se réduit. L’hypothèse a été émise que dans ces conditions, le courant-jet (ou jet stream) va diminuer en intensité et que ses méandres se déplaceront plus lentement vers l’est, ce qui entraînerait des conditions météorologiques plus persistantes, voire extrêmes avec des blocages atmosphériques. La persistance des conditions météorologiques pouvant varier considérablement pendant une saison et d’une saison à l’autre, l’évaluation des changements à long terme n’est pas simple.
Pour résoudre ce problème, Jacopo Riboldi a développé, en collaboration avec François Lott, Fabio D’Andrea and Gwendal Rivière également chercheurs au LMD-ENS, un « compteur de vitesse météorologique » basé sur une analyse spectrale, qui lui a permis de quantifier les déplacements vers l’est des méandres du courant-jet au-dessus des latitudes moyennes de l’hémisphère nord durant les 40 dernières années. Cette mesure de la vitesse de phase des ondes de Rossby détermine si les méandres se propagent en moyenne vers l’est (valeurs positives), stagnent ou même reculent vers l’ouest (valeurs négatives), chaque jour entre mars 1979 et novembre 2018.

À l’aide de cette mesure, il confirme le lien entre les périodes de faibles vitesses du courant-jet et les événements de températures extrêmes au-dessus des latitudes moyennes nordiques. Mais il évalue également qu’il n’y a pas eu de diminution globale de la propagation de ses méandres, malgré la réduction significative de la différence de température méridional observée au cours des dernières décennies.
Ces résultats suggèrent la nécessité d’une meilleure compréhension des facteurs déterminant la persistance des conditions météorologiques et rappellent qu’il faut faire preuve de prudence lorsqu’il s’agit d’attribuer les conditions météorologiques extrêmes récentes à une stagnation accrue des méandres du courant-jet. Ils indiquent en effet que l’amplification arctique n’a pas joué un rôle décisif dans la modulation de la persistance des ondulations du courant-jet au cours des dernières décennies.
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On the Linkage Between Rossby Wave Phase Speed, Atmospheric Blocking, and Arctic Amplification
Jacopo Riboldi, François Lott, Fabio D’Andrea et Gwendal Rivière
Geophysical Research Letters – Volume 47, Issue 19